• GENEVIÈVE ET MATTHIEU •

Les artistes et leur oeuvre

Geneviève Crépeau et Matthieu Dumont sont nés à Noranda au pied des cheminées de la fonderie de cuivre qui a donné naissance aux villes jumelles de Rouyn et de Noranda aujourd’hui fusionnées. Ils habitent toujours le même quartier et se désigneront d’ailleurs parfois comme Les enfants du plomb, en référence aux émanations des cheminées.

C’est d’abord sous formation musicale que Geneviève et Matthieu se fait connaître au tournant des années 1990. Formé en arts visuel toutefois, le duo mettra une décennie à asseoir sa démarche qui les conduira vers l’univers opératique où la teneur visuelle continuera de prendre une large place mais où le livret musical deviendra une trame narrative unifiée.

 

Le Symposium de peinture de Baie St-Paul dans le Charlevoix cristallisera ce moment d’une affirmation scénique forte, à travers laquelle Geneviève et Matthieu recourt aux dispositifs de la performance. Une forte charge émotive provient de l’amplitude donnée aux accessoires, aux costumes, aux décors et à l’exploration sonore. Au cours des 10 dernières années, le duo a inscrit dans la performance un long dispositif narratif reproductible atteignant parfois près d’une heure trente. Geneviève et Matthieu étonnent par la capacité qu’ils génèrent de conserver une charge émotive neuve à chaque représentation.

La Jamésie, œuvre du nom d’une région au nord de l’Abitibi principalement habitée par les communautés autochtones cries, évoque par son vocabulaire formelle une série de lutte amérindienne contemporaine dont la Crise d’Oka (1989), Theresa Spencer et la crise d’Attawapiskat (2012), le mouvement Iddle no more (2012).  Le livret, qui y fait allusion, fait plus largement l’éloge des marginaux, de la vie sauvage et rebelle. Pochettes de cd et de vinyle sont peintes à la main. Tout l’ouvrage est réalisé en autoproduction, y compris la distribution rompant définitivement avec le système commercial de la musique.

La reconstitution des montagnes du Charlevoix inscrira dans leur vocabulaire le motif du camouflage en nature très perceptible dans La Jamésie, pour ensuite s’étendre par d’autres motifs aux environnement urbains ou même muséaux. L’opéra d’or dernier opus performance-exposition y recourt. Le décor de L’opéra d’or couvre l’ensemble des murs avec une tapisserie reproduisant l’intérieur d’une pièce aux allures fastes avec au centre La Joconde : le lieu est camouflé devient le musée par excellence. Mais le champ visuel en point de fuite est rompu par la présence inattendue du motif récurrent d’un personnage grossièrement esquissé à même la tapisserie.

En 2018, Geneviève et Matthieu ont été finalistes au Prix en art actuel du Musée national des beaux-arts du Québec. Ils dirigent le centre d’artiste l’Écart et la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda.

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