• NESTOR ALVAREZ •
L’artiste et son oeuvre
Originaire de Cienfuegos, province du centre de Cuba, et diplômé de l’Institut supérieur d’art de La Havane, Nestor Alvarez, explore un monde de désautomatisation des plateformes artistiques et la façon dont elles sont perçues. Dans son travail, il démontre une grande polyvalence, non seulement de par les moyens d’expression qu’il utilise, mais aussi à travers sa vision et ses représentations.
Il établit un processus créatif qui joue avec l’idée d’un spectateur actif, évoluant au contact d’une plateforme qui s’infiltre dans son propre espace. Sa pratique constitue une action performative et le processus de création devient lui-même l’objet artistique. Ses recherches se concentrent sur l’activation des fonctions sensorielles du spectateur à travers l’objectivation de la pièce picturale. Les propriétés physiques de ses peintures deviennent les protagonistes de l’espace ; ils déploient texture, couleur, odeur, énergie, poids, densité et volume. Les limites de la réalité sont bouleversées dans l’espace de visualisation où l’image devient son propre symbole. Ses œuvres Diana et Cuerpos Escultóricos II (Corps sculpturaux II) sont un exemple d’œuvres picturales qui prennent possession de l’espace et de leur propre représentation. Selon les mots de l’artiste : « Voir l’objet comme une image et l’image comme un objet, s’engager dans une analyse entre la condition et la représentation. » L’artiste utilise, pour produire ses peintures, de vrais modèles qui permettent un volume et des textures uniques et qui contribuent à confondre les frontières entre l’objet représenté et sa réalisation artistique.
Un autre de ses intérêts est la relation qui existe entre la lumière et d’autres éléments naturels ou artificiels. La lumière prend forme dans un espace et cesse d’être une composante secondaire et passive pour devenir un objet en soi, interagissant avec le spectateur. Est ainsi maintenue la volonté de donner priorité au processus de contraction de l’œuvre en tant que processus de création, mais cette fois en établissant une forte complicité avec le spectateur. Dans son projet en développement, Cuarto de Sombras (La Salle d’ombre), l’artiste montre le résultat de la rémanence des ombres sur les murs photoluminescents. Chacun de ceux qui interagiront avec l’espace laisseront une trace de lumière qui les transcendera au-delà de leur présent. Rien de mieux, pour illustrer le projet, que les propos de l’artiste lui-même : « Ralentissez. Ralentissez le temps, trouvez le calme, la méditation, léguez l’empreinte nette dans l’espace lumineux. Comme des primitifs dans la grotte. Être présent. »
Autre préoccupation de Nestor Alvarez est celle de notre perception des éléments naturels, décodés à travers des filtres culturels et sociaux préconçus. L’artiste établit certaines connexions visuelles entre les éléments naturels et leur forme de représentation. Par exemple, les champignons comme éléments naturels peuvent être vus dans des scénarios différents.